Comme évoqué précédemment, l’homosexualité féminine, dont le haut de l’iceberg a émergé aux yeux du monde à partir du 19e siècle, a aujourd’hui enfin, droit de citer, et fort heureusement.
Mais cet espace privé et donc discret est difficile à créer et à préserver. Les modalités de rencontre sont parfois compliquées.
Le monde lesbien reste discret et assez confidentiel dans ces pratiques, seuls quelques fantasmeurs inventent et y voient simplement leurs dessous sexuels inassouvis.
Le monde lesbien, nous devrions plutôt dire, le monde de l’homosexualité entre femmes, touche tous les milieux féminins, toutes les couches de la société féminine et elles sont discrètes ces femmes.
Si beaucoup de femmes aimeraient entrer dans cette danse, dans la réalité cela s’avère encore difficile par rapport au statut social.
En effet, nombre de femmes mariées hétérosexuelles, aimeraient pouvoir établir une relation saphique avec une autre femme. Mais pour rester discrète, c’est compliqué étant donné le mari en embuscade, prêt à s’immiscer dans cette relation pourtant purement féminine.
Souvent le mari flaire la “bonne” affaire et pousse sa compagne, sa femme, vers un plan à trois, c’est le fantasme de beaucoup d’hommes, mais quelle erreur, car dans beaucoup de cas le monsieur terminera sur la carpette, car la venue d’un tiers masculin s’accommode souvent très mal dans une relation impliquant deux femmes, la sexualité entre femmes est assez incompatible avec une présence masculine et intrusive, la nature même de la relation charnelle entre femmes, est assez contre-nature avec le masculin.
On peut aimer la confiture d’une part, et le gigot d’autre part, mais ne pas aimer les deux en même temps !
Soulignons en clair, au passage, que la bisexualité des femmes n’implique en rien la pratique du triolisme. La bisexualité englobe l’une ou l’autre des relations, mais pas les deux en même temps !
La pratique du saphisme reste très discrète et intime aux regards des intrus.
Ceci étant dit, le Paris de la fin du 19e siècle et début 20e siècle est le foyer du lesbianisme et la bisexualité féminine en France est bien classée et se trouve dans le peloton de tête des villes ouvertes en Europe.
Les lieux de rencontres lesbiens sur Paris pour la catégorie de femmes fortunées restent
les salons privés, et certaines maisons conçues pour ce type de rencontre.
Mais pour les autres femmes pratiquant le saphisme il y avait des salons publics, des bars, des restaurants, des appartements, des music-hall etc…Même en ce temps là, beaucoup de salons étaient réservés pour les femmes, pas question d’y admettre des hommes, ce qui bien sûr posaient pas mal de problèmes car le mâle veut être partout chez lui, du moins le croit-il !
En 1881, Octave Uzanne écrit qu’à Paris, il y avait un très grand nombre de ferventes du saphisme et nombre de femmes de lettres , littéraires ou du théatre, bourgeoises mariées,, hétérosexuelles,ou simple femme, s’adonnaient au saphisme dans des lieux publics ou privés, et aussi chez elles avec leurs femmes de chambre assez souvent.
Léo Taxil dans son ouvrage “la corruption fin de siècle ,“affirme que des tribades sont organisées en groupes et se livrent à des orgies entre femmes sans nom.
Il y avait aussi des prostituées femmes, pour femmes et des endroits de rendez-vous réservés seulement aux rencontres entre femmes.
Rappelons que toutes les femmes de cette époque qui pratiquaient le saphisme appartenaient au milieu lettré de la capitale.
Les centres du lesbianisme bourgeois mondains se trouvaient sur Neuilly et aussi sur Saint-Germain.
Mais d’autres quartiers plus populaires étaient en vogue, comme Pigalle, quartier de Clichy, Montmartre, les grands boulevards, la rue des Martyrs, qui aujourd’hui encore exhale un parfum de marginalité.
La capitale respirait le plaisir.
Un certain nombre de brasseries parisiennes étaient comme des villages de lesbos, les filles sortaient ensemble et elles évitaient soigneusement les hommes qui comme aujourd’hui avaient des comportements peu respectueux envers les femmes.
Dans certains bars parisiens, ce sont parfois des soirées de débauche entre femmes qui s’offrent à votre regard.
En fait, le lesbianisme et la bisexualité féminine ne cesse de progresser dans cette deuxième moitié de 19e siècle.
Dans le milieu du music-hall, de la chanson, il y avait un grand nombre de femmes lesbiennes ou bisexuelles.
Il est surprenant de voir en cette fin de siècle le nombre de bar, cafés, restaurants gérés par la communauté lesbienne et bisexuelle féminine.
Mais des scandales éclatent tout à coup, et ils apprennent à notre vertueuse population, qui s’en indigne, que les nobles dames n’ont pas dédaignées venir prendre part aux jeux de l’amour lesbien dans des maisons ou leur admission avait lieu au mépris de tous les règlements de l’époque.
Léo Taxil s’émeut pareillement du laxisme de la loi et rappelle en 1891, l’admission des femmes comme visiteuses dans les lupanars officiels était un cas de fermeture pour l’établissement.
Pourtant, depuis 1881, elles y sont reçues et nullement en cachette. Aux alentours des maisons de tolérances, on voit stationner souvent des voitures privées (calèche), elles ont amené des filles de théâtre.
Les plaisirs offerts aux lesbiennes peuvent en outre surprendre par leur variété et parmi les lieux où abonde le saphisme, il faut citer à Paris certaines tavernes de Montmartre, l’avenue des Champs Élysées et les abords de l’Arc de triomphe, Il y a aussi les terrasses de café à Pigalle.
Par ailleurs, il existe environ une quarantaine d’appartements tous spéciaux, dédiés au culte de lesbos et uniquement ouvert aux seules dames du monde. Pour la plupart, ils sont situés dans les environs de la Madeleine et de la Chaussée d’Antin.
Les lieux de plaisirs entre femmes furent révélés en détails par un grand nombre d’écrivains avec force détails piquants.
Ces lieux de rencontres ou tables d’hôtes étaient très fréquentés après le théâtre, le music-hall, les cabarets et tous les endroits ou beaucoup de femmes venaient chercher les plaisirs lesbiens.
Dans les tables d’hôtes, il y avait « Chez Laure » rue des Martyrs, puis « Louise Tallandier » dans la même rue, au numéro 17.
Colette fréquentait, vers 1930, les caves de Montmartre, car c’est ce lieu qui à cette époque, offrait le plus d’endroits de bacchanales.
Le Hanneton, le rat mort, la souris, vous accueillent à toutes heures du jour comme de la nuit.
Jean Lorrain a décrit une clientèle très éclectique.
Le Hanneton était une brasserie au 75 rue Pigalle (à l’emplacement de la brasserie du Lapin dirigée par Mme Armande).
Le rat mort, avec deux entrées, l’une sur la place Pigalle, et l’autre au 16 rue Frochot, afin de pouvoir en sortir discrètement. Colette parle de cet endroit.
Mme Palmyre dirigeait la « Souris », un café situé 29 rue Breda ( aujourd’hui rue Henri-Monnier).
Puis vers 1920 et 1930 les lieux se déplacent vers Montparnasse, là où se trouvait le « Monocle » lieu également lesbien.
En 1888 Pierre Delcourt évoque que ces vingt dernières années, l’augmentation des amours entre femmes est prodigieux, ces femmes considèrent le rapprochement homme/femme comme une monstruosité à laquelle il faut se soumettre pour vivre , c’est le dictat de la société et aujourd’hui encore, la norme reste l’hétérosexualité, nous sommes sous la dictature phallocratique, mais fort heureusement, nous arrivons à faire notre chemin, nous les lesbiennes et bisexuelles.
Les hommes pensent depuis des siècles, qu’ils sont incontournables pour les plaisirs des femmes, c’est une monstrueuse erreur qui encore une fois prouve que les hommes ne connaissent rien aux femmes, pourquoi y a-t-il autant de femmes mariées entretenant une relation très secrète avec une autre femme, son amante ?