Histoire lesbienne de femmes qui aiment les femmes.

Les plaisirs de l'homosexualité entre femmes.

Avez-vous lu le livre de Mathilde Ramadier, ayant pour titre évocateur « Vivre fluide », ou déjà s’inscrit en filigrane une revendication tout à fait naturelle pour nous les femmes, c’est-à-dire avoir enfin la liberté de choisir notre vie sexuelle. Mais pour aller plus loin, les choses peuvent être plus compliquées, car il y a encore des freins à certains types de rencontres, surtout si elles sont teintées d’intentions homosexuelles entre femmes, si les femmes revendiquent la liberté de choisir, alors, elles sortent d’une société hétéronormée, phallocratique, un sacrilège !Notre société est conditionnée par des siècles d’une dictature religieuse bien pensante et certaine de détenir la vérité en la matière. De plus, les hommes ont fait main basse sur la liberté des femmes, certains de leur pouvoir, et persuadés d’être le centre du plaisir. Si encore de nos jours, l’homme pense être au centre du bateau plaisir, alors, il se trompe magistralement, c’est une grave erreur, c’est du nombrilisme, du phallocentrisme. Revenons en arrière dans le temps, celui de la prise de conscience, par les femmes, du droit tout simple, d’accéder enfin à la liberté de vivre comme nous le voulons.

Nous avons le droit de choisir nos vies sexuelles, nous ne sommes pas des objets ! L’éclosion féministe commence véritablement après la première guerre mondiale de 1914-1918…

La liberté féminine arrive enfin ! Après la première guerre mondiale de 1914-1918 le monde ouvre les yeux et voit le résultat des horreurs que seuls les hommes sont capables de faire. Des millions de morts, de blessés, de mutilés, d’aliénés mentaux devenus fous sous le déluge de feu que le ciel a fait tomber sur eux, des champs entiers sont couverts de tombes, et bien heureux ceux ayant une sépulture, des militaires, des civils, hommes, femmes et enfants payent le prix du sang. Combien de familles endeuillées, combien d’orphelins, combien de femmes ne retrouverons jamais l’être aimé, il a donné sa vie, ou plutôt l’histoire est venue lui voler sa vie, il n’ira plus aux champs faucher le blé. La vie va reprendre, c’est le sens des événements, la vie est plus forte que la mort. Les femmes, ont, elles aussi, largement contribué à l’effort de guerre, elles ont travaillé dans les usines à fabriquer des bombes destinées aux voisins d’en face. Et réciproquement bien sûr. C’est alors que va naître un mouvement de fond chez les femmes, le féminisme, qui jusque-là était souterrain, donc confidentiel. L’émancipation des femmes est la rançon de ce qui leur est dû, la liberté dont elles sont privées depuis des temps immémoriaux.

La première des libertés revendiquées dans les années folles de 1920 à 1940 et encore après, sera la liberté sexuelle, le droit de choisir sa sexualité, de revendiquer les plaisirs qui jusque-là étaient réservés au genre masculin, le monde étant phallocentré, comme si le phallus de l’homme était un passage obligé pour nous les femmes d’avoir du plaisir. Mais après cette guerre, c’est le réveil des sens, une frénésie du bonheur s’empare d’une classe intellectuellement ouverte sur le monde qui s’offre à eux. Les cafés, les cabarets, les restaurants, s’emplissent d’hommes et de femmes qui veulent en découdre avec les interdits sociétaux. Mais ce phénomène touche surtout une catégorie de gens, la bourgeoisie parisienne, la capitale devient le centre de la luxure.Les coquins et coquines sont à la fête dans ce Paris, ou tous les chats sont gris, tout est possible. Et les escapades sexuelles fleurissent comme au printemps.Les femmes prennent leur envol, l’homosexualité féminine arrive au grand jour, de même que la bisexualité entre femmes, des grands noms de la société s’affichent sans vergogne pour montrer à la face du monde, voyez, nous faisons ce que nous voulons maintenant, et nous découvrons des plaisirs jusque-là cachés.

Les lesbiennes et les femmes bisexuelles osent désormais se montrer, et revendiquer la découverte des plaisirs sexuels entre femmes, et c’est une immense révélation. Des grands noms comme Nathalie Clifford Barney, Gertrude Stein, Sylvia Beach, Colette et bien d’autres, vont s’afficher ouvertement en compagnie de leur compagne du moment, certaines d’entre elles vont d’ailleurs vivre une véritable histoire d’amour entre femmes, nous en reparlerons plus tard, car c’est simplement du merveilleux. Nous avons connaissance de ces histoires d’amours entre femmes, grâce à diverses correspondances et ouvrages littéraires écrits pas certaines autrices des faits. Il y a aussi des rapports des institutions policières et juridiques également. Le développement de l’homosexualité et de la bisexualité entre femmes est surtout à cette époque visible dans le milieu artistique et intellectuel. Il y a aussi un fort mouvement de libertinage féminin sexuel dans la classe populaire, qui se produisait déjà durant la guerre elle-même, Mais il est plus difficile à quantifier, car il reste confiné sur une catégorie de la population, qui ne s’exprimait pas sur ce sujet demeuré très tabou. Ma grand-mère, une ouvrière, disaient que dans son quartier ouvrier sur Paris, elle savait que des femmes couchaient avec leur voisine de palier, et ce n’était pas si rare que ça, des rencontres tricots sur le lit n’étaient pas un événement. Mais ce genre de rencontre entre femmes était vraiment sous le sceau du secret, tant le quand dira-t-on populaire était en embuscade, et prêt à bondir sur le moindre événement, avéré ou non d’ailleurs. Cependant, que ce soit dans les milieux bourgeois ou plus modestes, la phraséologie était encore pleine d’allusions pour désigner ou parler des femmes qui sortaient avec des femmes, le mot “lesbienne” était un gros mot, ce qui semble être encore le cas de nos jours. D’ailleurs, si vous tapez “lesbienne” sur google, vous n’allez pas tomber sur des bandes dessinées pour ado, mais immanquablement sur des sites destinés aux adultes, c’est une insulte ouverte au monde LGBT, les gens bien d’un côté, les montres de l’autre, voila un monde bien manichéiste.Les femmes homosexuelles et bisexuelles se trouvent dans une bonne partie de la société bourgeoise et bien pensante, incluant des protestants, des catholiques et d’autres religions, le sexe n’a pas de croyance.L’église est comme toutes les institutions de ce monde, elle a des thèmes et des pratiques.En théorie, elle condamne à l’enfer, ce pécher de chair. En pratique, elle leur donne l’absolution et les envoient au paradis. (In La prostitution devant le philosophe. 1881- Charles Richard) Oui, les lesbiennes partent bien au paradis comme le disait d’ailleurs Colette, ces plaisirs que l’on nomme à la légère “physique”, vont bien au-delà et que le cœur et l’esprit y participent tout autant..

Une relation entre femmes, n’est pas que physique, elle s’accompagne d’une merveilleuse alchimie composée d’un savant et mystérieux mélange de sororité, d’amitié, d’admiration, de douceur, de poésie. C’est en fait un signe de maturité dans une société pleine de préjugée et parfois opprimante. Il faut savoir aussi que la bisexualité chez les femmes ne conduit pas à une appartenance sexuelle, cela va de soi.Au 19e siècle, le terme le plus courant pour parler des femmes bisexuelles ou homosexuelles était plutôt “amitiés féminines”, terme plus générique qui permettait de faire un peu office de paravent cachant un peu ce que l’on voulait y mettre.Puis au début du 20e siècle, le corps médical concluait que la société “normale” était incontestablement l’hétérosexualité, et classait donc de ce fait les autres sexualités dans la case “atteinte psychique” d’où des thérapies de conversion pour revenir dans la norme sociétale du moment. D’ailleurs, à ce sujet, le célèbre mathématicien Alan Turing, qui à découvert le code secret de l’armée allemande durant la dernière guerre mondiale, en craquant le chiffrage de la machine “enigma”, était homosexuel, alors après la guerre, la société anglaise lui proposa, en lui forçant juste un peu la main, de subir une thérapie de conversion pour devenir hétérosexuel, mais voila Alan Turing ne supporta pas ce cocktail de folie, et il finit hélas par se suicider dans les années 50. L’Angleterre se décida à présenter des excuses à cet homme qui fut un très brillant scientifique, et rendit un immense service non seulement à son pays, mais au monde entier évitant de saigner encore un peu plus l’humanité. Cette perte magistrale montre combien il est difficile d’être différent, pas une tête ne doit dépasser du rang, il ne faut pas être trop grand, et pas trop petit non plus sous peine de devenir invisible. La norme, encore en vigueur dans beaucoup d’esprit, reste malgré tout l’hétérosexualité, le genre masculin domine le monde avec son phallus, croyant à tort qu’il est bien le seul pourvoyeur du plaisir pour nous les femmes. Mais voilà, ne pas confondre procréation, ou l’intervention du phallus “peut” être nécessaire, et plaisir sexuel. Si ce plaisir est au bout du rapport sexuel pour l’homme, il n’est en rien garanti pour nous les femmes. Les années folles qui accompagnent la libération des femmes démontrent que la sexualité entre femmes procurent bien plus d’orgasmes, plus fréquents, plus intenses, c’est le nirvana de la sexualité, ceci est un véritable pavé dans la mare des plaisirs sexuels. Ce mythe, confortablement installé depuis des générations, tient aussi à l’illusion entretenue par les femmes qui simulent l’orgasme lors de leur rapport hétérosexuel avec leur mari ou leur compagnon, en effet des enquêtes sur ce sujet montrent que 47% des femmes simulent régulièrement l’orgasme, pourtant 81% des hommes croient leur que partenaire n’a jamais feint de jouir avec eux, les soupirs ne valent pas toujours plaisirs orgasmiques: et cette ruse est bien souvent mise en place pour une raison alarmante, qui est d’écouter le rapport sexuel. 91% des femmes ont déjà simulé l’orgasme, c’est le chiffre révélé par Gleeden à l’occasion de la journée mondiale de l’orgasme du 21 décembre 2006, par l’association anglo-saxonne “The Global Orgasm”, et 11% des femmes simulent la jouissance à chaque rapport sexuel. Un vrai jeu d’acteur en fait. Pourquoi les femmes simulent-elles l’orgasme ? Pour faire plaisir à leur partenaire. Elles cherchent en fait à booster l’égo de leur partenaire pour ne pas le vexer. Mais aussi, et malheureusement, pour écourter le rapport sexuel.

Sensualité lesbienne.

Une autre facette de la sexualité féminine, mise à l’étude en 2018, par le Psychologue USA, Justin J. Lehmiller, sur un échantillon de 4175 femmes, montre que 59% des femmes disent avoir des fantasmes sexuels avec d’autres femmes, ce qui vient confirmer de précédentes études faites une dizaine d’années auparavant, ce qui vient confirmer que les femmes ont une sexualité plus fluide que les hommes.

Cependant, peu de femme osent avouer leur bisexualité au grand jour, car nous restons hélas dans une société très hétéronormée. La bisexualité des femmes reste aussi un grand fantasme masculin, ce qui les poussent souvent à proposer à leur femme ou leur compagne, le fameux plan à trois, mais quelle erreur encore, car l’approche sexuelle des relations entre femmes n’a absolument rien à voir dans ses actes avec l’approche masculine.  La sexualité de la femme est tout en subtilité, et passe par son cerveau. Si la presse féminine fait périodiquement l’apologie de la sexualité lesbienne, en mettant en avant que les femmes ayant des rapports sexuels avec d’autres femmes, ont des vies plus épanouies, car les enquêtes font états de “plaisirs inouïs”, avec des orgasmes en cascades.

Les lesbiennes seraient maitresses dans l’art et la manière, comme l’évoque d’ailleurs un texte du début de notre siècle dont l’autrice est une admiratrice de Sappho, en la personne de Lucie Delarue Mardrus. Hommes et femmes, nous avons les mêmes mains, mais il semble que les lesbiennes soient maîtresses en l’art et la manière. Le magazine féminin “Elle” ne disait-il pas dans l’un de ses articles “Jouis comme une lesbienne”, c’est déjà une ode et une invitation aux plaisirs entre femmes.

Les lesbiennes ont plus d’orgasmes. En effet, Une étude américaine publiée en 2017 par Kinsey institute sur un échantillon de 53.000 personnes, montre que 86% des femmes homosexuelles disent atteindre l’orgasme, contre 65% des femmes dans les rapports hétérosexuels. Cette différence ne se retrouve pas chez les hommes, car les hommes hétérosexuels disent atteindre l’orgasme dans 95% des cas, tandis que les hommes homosexuels jouissent dans 89% des cas, il y a donc peu de différence chez les hommes. La palme de l’orgasme revient de ce fait sans discussion aux femmes ayant des rapports entre elles. Le malentendu dans l’art et la manière, car 30% des hommes pensent que la meilleure façon de parvenir à l’orgasme pour une femme est la pénétration vaginale. Et 91% des lesbiennes disent atteindre l’orgasme en combinant stimulation génitale et sexe oral, sans être  pénétrée au niveau du vagin d’ailleurs.En fait, les femmes peuvent prendre leur temps, parce qu’elles n’ont pas l’obligation de maintenir une érection à tout pris, c’est le couperet de l’éjaculation. Les femmes ayant eu un orgasme peuvent continuer aussitôt vers d’autres orgasmes. Il y a une sorte d’injustice dans la nature elle-même, mais ne faudrait-il pas une autre éducation ? Revenons à nos années folles de 1920- 1940

Quand deux femmes s’aiment, tout est possible.

Cette période folle, voit l’émergence de la garçonne, femme libre, mais d’un milieu bourgeois, fréquentant le Paris select de l’époque où le champagne coulait à flot. La garçonne s’impose comme le nouveau modèle féminin des années 1920/1930. En effet, comme je le disais au début de mon blog, après la première guerre mondiale, les femmes viennent occuper le centre de l’échiquier des libertés féminines, elles veulent affirmer leur indépendance dont elles sont privées depuis des générations, les hommes dictant le comportement des femmes en privé et dans la société, la femme était la chose de l’homme ! L’homme est sujet, la femme est objet….(Simone de Beauvoir, “le deuxième sexe”) Cette indépendance, cette émancipation féminine se voit dans la vie, par la nouvelle mode “garçonne” qu’un certain nombre de femmes émancipées arborent sans vergogne au nez et à la barbe d’un monde qui les avaient ostracisé depuis fort longtemps. La mode garçonne se traduit, dans les faits, par une coupe de cheveux plus courte, donnant ce  nom  à la couleur androgyne, à la femme qui en est porteuse. Puis les femmes adoptent une silhouette plus mince, longues jambes, poitrine plus discrète. La presse ne tarde pas à emboiter le pas en arborant des publicités offrant des corsets permettant de contenir quelques rondeurs non encore maîtrisées. Les cheveux sont courts, couverts par un chapeau très élégant, quant aux pieds, ils sont aussi de la fête, et les souliers à talons bas soulignent cette nouvelle mode.

La cosmétique fait une apparition très remarquée sur les marchés et les grands magasins qui profitent largement de ce nouvel élan, il y a du soufre dans l’air me direz-vous ! Les femmes s’initient à l’art du maquillage, leur permettant ainsi de soustraire aux regards quelques imperfections ou traces du temps. Le sport devient également une prise des femmes pour entretenir sa forme et garder une ligne attractive. La mode des cheveux courts avait été lancé par Joséphine Baker et les Dolly Sisters. Mais cette nouvelle mode n’est pas du goût de tout le monde, elle dérange la société bien pensante, c’est une mode décadente disent certains. Une fois de plus c’est la religion qui vient mettre son nez là, ou elle n’a rien à y faire. C’est une atteinte notoire à la liberté de chacune. En 1921 de nombreuses ligues féminines chrétiennes lançaient un appel aux grands couturiers et aux grands magasins, contre cette mode jugée “inconvenante”. Par exemple, l’Union des œuvres féminines, (à destination des grands magasins et grands couturiers de Paris) écrivait ceci: Nous vous prions de nous aider à mettre un terme à l’inconvenance et à l’immoralité des modes actuelles.

1°) En ne créant ni en ne vendant aucun modèle qui blesse la morale

2°) En abolissant l’usage du décolleté déplacé, de l’étroitesse et de la courtesse exagérée des jupes, en prohibant l’emploi abusif des étoffes transparentes.

3°) En supprimant dans les toilettes tout ce qui sent le débraillé et le vulgaire…

Certaines femmes tirent également à boulets rouges sur les soins de beauté et la cosmétique. Malgré ces critiques virulentes, agressives parfois, la mode garçonne trace sa route assumant tout simplement le mouvement d’indépendance des femmes en général..